Face à une natalité en déclin, la Chine adopte des mesures controversées pour encourager les naissances. À partir de 2026, le gouvernement appliquera une taxe de 13 % sur les préservatifs et les contraceptifs, en vertu d'une réforme fiscale de 2024. Cette décision suscite des réactions variées parmi la population et les experts.
Historiquement, ces produits étaient exemptés de taxe depuis 1993, dans le cadre de la politique de l'enfant unique qui a perduré jusqu'en 2015. Selon He Yafu, démographe indépendant, la réintroduction de cette taxe peut sembler logique à une époque où la politique nationale favorise les naissances. Cependant, il ajoute que l'impact sur le taux de fécondité risque d'être limité.
En effet, la hausse de la taxe est principalement symbolique. Les préservatifs coûtent entre 40 et 60 yuans (5,20 à 7,80 euros), tandis que les pilules contraceptives s'échelonnent de 50 à 130 yuans (entre 6,50 et 16,90 euros). Lee Ding, de Dezan Shira & Associates, souligne que les revenus supplémentaires générés par cette taxe pourraient atteindre seulement 5 milliards de yuans (environ 650 millions d’euros), une goutte d'eau face aux 22.000 milliards de yuans (près de 2.860 milliards d’euros) du budget public chinois.
Les conséquences négatives de cette taxation risquent d'affecter principalement les femmes, surtout celles issues de milieux défavorisés. Yun Zhou, professeure à l'Université du Michigan, souligne le risque d'augmentation des grossesses non désirées et des infections sexuellement transmissibles (IST). De fait, la Chine affiche déjà l'un des taux d'avortement les plus élevés au monde, avec 9 à 10 millions d'interventions annuelles, entre 2014 et 2021, selon la Commission nationale de la santé.
Les IST, après une diminution lors des années de la pandémie de COVID-19, connaissent une recrudescence. En 2024, plus de 100.000 cas de gonorrhée et 670.000 cas de syphilis ont été enregistrés, selon l’Administration nationale de contrôle et de prévention des maladies.
Le gouvernement chinois a multiplié les efforts au cours de la dernière décennie pour inverser la tendance à la baisse du taux de natalité. En plus d'autoriser les couples à avoir jusqu'à trois enfants, plusieurs incitations financières ont été mises en place, telles que des aides pour la fécondation in vitro et des jours de congé supplémentaires pour les jeunes mariés. Malgré ces efforts, les résultats demeurent modestes : le taux de natalité en 2024 s’établit à 6,77 pour 1.000 habitants.
Une préoccupation tant chez les experts que chez les citoyens est que les autorités pourraient recourir à des mesures plus coercitives pour atteindre leurs objectifs de natalité. Dans un district du Yunnan, des femmes ont récemment été obligées d’informer les responsables de la date de leurs dernières règles, un acte justifié par les autorités comme nécessaire pour identifier les femmes qui pourraient être enceintes.







