Dans un contexte où les crimes non résolus suscitent un intérêt croissant, le garde des Sceaux vient d’annoncer une volonté de lever le tabou entourant la généalogie génétique. Cette avancée technologique pourrait bien transformer le face-à-face entre enquêteurs et affaires anciennes, permettant d'élucider des dossiers qui, jusqu'à présent, semblaient irrémédiablement perdus.
Prenons l'exemple de Bruno L., surnommé le "prédateur des bois". Ce violeur, actif entre la Charente-Maritime et la région parisienne pendant plus d'une décennie, a longtemps échappé aux filets de la justice. Cependant, son arrestation en décembre 2022 a marqué un tournant : il est devenu le premier criminel français confondu par la généalogie génétique. Lors d'une formation au sein du FBI, le commissaire Franck Dannerolle, à la tête de l’Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP), a exprimé son enthousiasme face à cette technique innovante.
En effet, ce cas illustre comment la comparaison d'un ADN inconnu avec des profils génétiques enregistrés dans des bases de données américaines a permis de faire avancer une enquête qui stagnait. Bien que cette méthode soit encore illégale en France, les forces de l'ordre envisagent sérieusement son utilisation, notamment pour résoudre des cold cases qui demeurent dans l'ombre.
Actuellement, c'est un véritable déploiement d'initiatives qui se profile. Selon le lieutenant-colonel Tesio, de nombreuses personnes se livrent déjà à des tests ADN à des fins de généalogie, et cette tendance pourrait rapidement enrichir les bases de données sur lesquelles la police pourrait s'appuyer. Les pourparlers autour de la création d’un cadre légal pour permettre aux magistrats d’accéder à ces outils sont en cours, facilitant ainsi la résolution de cas restés sans réponse, comme la disparition tragique de Marion Wagon, une fillette disparue en 1994.
Le besoin d'une refonte des méthodes d'investigation est aussi souligné par des professionnels du secteur. Marie-Laure Brunel, responsable de la Division des affaires non élucidées, insiste sur l'importance de conserver les preuves correctement afin de ne pas répéter les erreurs du passé. En concert avec d'autres experts, elle plaide pour une utilisation accrue de la technologie au service des enquêtes criminelles.
Le débat sur la généalogie génétique ne saurait ignorer les préoccupations éthiques et humanitaires qu'une telle pratique soulève. Cependant, comme le souligne un article du Monde, l’enthousiasme pour l’innovation technologique pousse les acteurs judiciaires à franchir de nouvelles frontières pour restaurer la justice. Les effets de ces changements sont déjà palpables, et l’avenir semble prometteur pour ceux qui aspirent à voir les affaires non résolues enfin éclaircies.







