Balakliïa (Ukraine) – À 15 ans, Bohdan Levchykov incarne la jeunesse ukrainienne marquée par le conflit. Son père, Stanislav, a perdu la vie en mars 2022 en défendant Kharkiv, et sa mère, Iryna, lutte contre un cancer similaire à celui qui a frappé tant d'autres familles de la région.
Dans la ville de Balakliia, récemment libérée mais toujours sous tension, l'espoir semble se faire rare. "Quand ma mère et moi sommes revenus après l'occupation russe, il n'y avait plus d'enfants, aucun magasin ouvert. Juste des visages familiers de personnes âgées", partage Bohdan, les yeux reflétant une maturité au-delà de son âge.
Selon une étude de l'Organisation mondiale de la santé, 24.000 jeunes Ukrainiens, âgés de 11 à 17 ans, ont vu leur bonheur s'amenuiser depuis le début de l'invasion. Pourtant, l'enquête note également une capacité certaine d'adaptation des adolescents face à la guerre, un résultat qui laisse perplexe de nombreux experts.
Le quotidien de Bohdan est rythmé par les alertes aériennes, tandis qu'il suit ses cours en ligne, un mode d'apprentissage devenu la norme pour près d'un million d'élèves en Ukraine. "Nous avons appris à survivre à deux, ma mère et moi. Cela a créé un lien fort entre nous", dit-il avec un sourire.
La ville de Kharkiv, cible de nombreuses frappes, témoigne de la destruction des lieux de vie souvent prisés par la jeunesse, comme les parcs et les écoles. Malgré cela, certaines initiatives émergent. Des établissements scolaires sont désormais construits sous terre, comme l'explique Natalia Teplova, directrice d'une école souterraine à Kharkiv : "Nous avons conçu notre établissement pour résister à toutes les attaques possibles, pour offrir une chance aux élèves de continuer leurs études dans un environnement sûr."
L'espoir n'est pas mort chez les jeunes Ukrainiens. Yevenhelina, 14 ans, trouve du réconfort en retournant à l'école, même si elle est souterraine. "C'est agréable de revoir mes amis", dit-elle, témoignant de la force de la socialisation dans des temps difficiles.
Dans les clubs de sport, même sans compétition officielle, des entraîneurs comme Oleksandr Andrushchenko tentent de créer un semblant de normalité pour les enfants. "Ils ont besoin d'un environnement où ils peuvent se sentir en sécurité et s'épanouir dans des activités physiques", affirme-t-il.
En parallèle, une réalité plus sombre persiste. Maryna Dudnyk, psychologue dans une ONG, révèle que de nombreux adolescents souffrent d'anxiété, de stress et même d'automutilation à cause des impacts psychologiques de la guerre. "C'est une période tumultueuse qui façonne des individus résilients, mais le coût psychologique est élevé", dit-elle.
Alors que le conflit continue, les jeunes comme Bohdan gardent l'espoir d'un avenir meilleur. "Nous rêvons de nous rencontrer et de vivre les joies simples de l'adolescence, loin des bruits de la guerre", confie-t-il, illustrant la force de leur esprit face aux épreuves.
Cette réalité résonne au-delà des frontières, appelant une solidarité internationale pour soutenir non seulement les adolescents ukrainiens, mais aussi tous ceux touchés par ce conflit tragique.







