Qui s'en prend aux églises de France ? Dans le département du Nord, une trentaine d'églises ont été la cible de pillages. Des calices et divers objets religieux, précieux tant pour les croyants que pour le patrimoine historique, ont été dérobés. Deux hommes de 28 et 34 ans, ainsi qu'un brocanteur local, étaient attendus devant le tribunal pour répondre de ces actes.
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Il y a trois mois, Jean-François Deregnaucourt, bénévole à l'église Saint-Michel de Flines-Lez-Raches, est arrivé pour préparer la messe. À sa grande surprise, la sacristie, habituellement sécurisée, avait été forcée. "Les ciboire, calice et patène avaient disparu. Nous avions entendu parler de vols dans d'autres églises, et maintenant, c'était notre tour," a-t-il confié.
En tout, six objets religieux de valeur, offerts par les paroissiens, ont été dérobés. Parmi lesquels quatre pièces d'orfèvrerie, à la valeur sentimentale et monétaire indéniable. Le père Emmanuel Canart, curé de l'église, a estimé les pertes à 8 000 euros. "Ces objets font partie de notre histoire et ne seront jamais retrouvés. Nous assistons à une réelle dégradation du respect de notre patrimoine," a-t-il récemment déclaré à France 3 Régions.
Une vague de vols : enquête en cours
Entre juin et septembre, 28 incidents similaires ont été rapportés dans les départements de la Seine-et-Marne, du Nord et de la Somme. Après une enquête de cinq mois, les gendarmes ont découvert un butin impressionnant chez un couple. Les suspects, qui semblaient cibler les églises ouvertes, encourent deux ans de prison ferme. Un brocanteur de 73 ans, soupçonné d'avoir acquis certaines de ces marchandises, risque six mois avec sursis. "Il est profondément gêné par cette situation et a voulu clarifier son implication devant le tribunal," a indiqué l'avocate du brocanteur.
En 2025, le ministère de l’Intérieur a signalé 538 vols d’objets religieux, un chiffre en hausse de 11% par rapport à l’année précédente. Cette augmentation, selon les forces de l’ordre, serait liée à des circuits de revente bien organisés. "Certains réseaux proviennent de l'Est de l'Europe, et d'autres revendent ces objets sur les réseaux sociaux," a expliqué Agathe Foucault, porte-parole de la Police nationale.
Sur des sites de vente en ligne, des milliers d'objets liturgiques sont actuellement proposés, à des prix exorbitants. Par exemple, un ciboire en argent est mis en vente pour 1 600 euros, tandis qu'un bougeoir en bronze et cuivre est à 1 100 euros. Face à cette situation, les diocèses prennent des mesures pour inventorier leurs trésors, seule méthode efficace pour retrouver les objets volés en cas de besoin.
Ce phénomène soulève d’importantes questions de sécurité et de respect envers un patrimoine culturel et spirituel qui dépasse le simple cadre religieux. Alors que les communautés locales sont choquées, il est crucial de prendre des mesures pour préserver l'intégrité des lieux de culte en France.







