Depuis mardi, les éboueurs de la société Deverra, responsables de la collecte des déchets dans 52 communes du sud-ouest de Lille, sont en grève. Ce mouvement est né de la frustration d'un personnel qui se retrouve à travailler dans des conditions de plus en plus difficiles, illustré par un taux de grévistes atteignant les 90 % dès le premier jour, selon France 3 Hauts-de-France.
Les grévistes dénoncent une augmentation de leur charge de travail due à la mise en place du « monoripage », une méthode qui ne mobilise qu'un seul opérateur à l'arrière des camions de collecte. Cela a entraîné une diminution des moyens, passant de 19 à 14 camions-bennes en trois ans. Geoffrey De Croock, un releveur, a expliqué à France Bleu : « On se retrouve certains jours à ramasser 2 à 3 tonnes de déchets de plus sans pouvoir finir nos tournées. On fait le même travail tout seul alors qu'avant on était deux. »
En plus de la demande d'une augmentation salariale de 3 %, les éboueurs souhaitent une réorganisation de leurs tournées qui leur permettrait de travailler dans de meilleures conditions. Les éboueurs ne se contentent pas d’un simple ajustement salarial ; ils réclament également une prime de fin d’année de 600 euros, proposée par la direction à 100 euros, ce qui a été jugé insuffisant par les syndicats.
Le mécontentement des grévistes a aussi marqué les esprits des habitants des communes touchées, tandis que les déchets s'accumulent dans les rues. Une habitante d'Hellemmes s'est dite inquiète pour la propreté et la salubrité de son environnement, déclarant : « La poubelle est pleine et j'ai peur pour les animaux et les nuisibles. »
Les représentants syndicaux, comme Rudy Maléon de Force Ouvrière, mettent également en avant des accusations d’entrave au droit de grève, affirmant que la société aurait fait appel à d’autres chauffeurs. De son côté, la direction de Deverra « conteste formellement ces accusations » et maintient que toutes les mesures respectent le cadre légal.
Avec des soutiens grandissants de la part de la communauté, notamment de la part de politiques locaux, la situation reste tendue alors que la grève se poursuit. Lors d'une rencontre avec la direction, bien que certains progrès aient été notés, la majorité des revendications des grévistes n'a pas encore été satisfaite. Les observations de l’expert en relations de travail, Jean-Pierre Duval, soulignent le besoin d’une régulation plus claire des conditions de travail dans ce secteur crucial pour la vie urbaine.
Alors que la grève est reconduite jusqu'à lundi prochain, les éboueurs semblent déterminés à faire entendre leurs voix pour obtenir de meilleures conditions de travail.







