Deux syndicats de magistrats se sont exprimés jeudi pour faire part de leur colère suite aux déclarations de Gérald Darmanin. Le ministre de la Justice a apporté son "soutien" à Damien Castelain, un élu du Nord condamné par la cour d'appel de Douai à 18 mois de prison avec sursis ainsi qu'à deux ans d'inéligibilité pour détournement de fonds publics.
L'Union syndicale des magistrats (USM), majoritaire, a qualifié ce geste d'"institutionnellement problématique". Dans une lettre ouverte, ils ont souligné qu'il était perplexe qu'un garde des Sceaux en exercice puisse offrir un soutien public à un justiciable à la suite d'une décision de justice, une situation perçue comme mettant en péril le principe de séparation des pouvoirs.
Darmanin, sur le réseau X, a exprimé sa "pensée plus qu'amicale" pour Castelain, qu'il décrit comme un "grand Président de la Métropole de Lille". Cette prise de position a été appréciée avec consternation par l'USM, qui a souligné que de tels gestes ajoutent de la confusion à la tâche des magistrats qui doivent travailler sous des conditions déjà difficiles, souvent critiqués sans fondement.
Pour le Syndicat de la magistrature (SM), classé à gauche, le devoir prioritaire d'un garde des Sceaux est de respecter la séparation des pouvoirs et de ne pas faire preuve de favoritisme en raison de ses relations personnelles. Les membres du syndicat estiment que la favoritisme dégradent la confiance que les citoyens placent dans les institutions, un point de vue partagé par de nombreux observateurs du secteur judiciaire.
Darmanin n'en est pas à son coup d'essai en matière d'intervention après des décisions judiciaires. Déjà, après la condamnation de Nicolas Sarkozy à cinq ans de prison dans l'affaire du financement libyen, il avait exprimé sa "tristesse" et rendu visite à l'ancien président, une démarche qui avait également soulevé des critiques.
Il est à noter que la question du soutien politique en matière judiciaire devient de plus en plus épineuse alors que les magistrats demandent à être respectés dans l’exercice de leurs fonctions. Ces événements mettent en lumière les tensions croissantes entre la politique et la justice, un sujet qui mérite une attention particulière dans le contexte actuel de la France.







