En France, la dépression touche environ une personne sur cinq, selon la Haute Autorité de santé. Lorsque les patients se sentent mieux, la question de l'arrêt des antidépresseurs émerge, suscitant des débats au sein de la communauté médicale. Bien que des médicaments soient souvent prescrits pour traiter les formes graves de dépression, il est essentiel de réfléchir à la façon de les arrêter. Quelles sont les options disponibles ?
Les chercheurs italiens Giovanni Ostuzzi et Debora Zaccoletti ont récemment mené une étude de grande envergure publiée dans Lancet Psychiatry, prenant en compte 76 essais cliniques impliquant plus de 17 000 participants. Leurs conclusions révèlent qu'arrêter les antidépresseurs progressivement avec un soutien psychologique adéquat présente des résultats aussi favorables que de continuer le traitement. Cependant, les arrêts abrupts sont à proscrire en raison de risques élevés de rechute ou de sevrage.
Les professionnels de santé soulignent l'importance d'une approche personnalisée et réfléchie. Christine Villelongue, co-présidente de l'association France Dépression, note que beaucoup de patients souhaitent réduire leur traitement, mais se heurtent à une interprétation erronée de leur désir par les soignants. Elle déclare : "Lorsqu'un patient souhaite modifier son traitement, cela doit être pris au sérieux, pas comme un déni de sa maladie." Malheureusement, le manque de suivi et de soutien organisé peut aggraver cette situation.
Pendant ce temps, d'autres pays, comme la Norvège et les Pays-Bas, adoptent des approches plus progressives en matière de déprescription, offrant des consultations dédiées et même la possibilité de microdoses d'antidépresseurs. Cette réflexion sur le besoin de structurer l'arrêt des médicaments se révèle cruciale dans le contexte actuel de carence de soignants en France.
En conclusion, tout en reconnaissant que les antidépresseurs sont efficaces pour prévenir les rechutes, les experts comme Debora Zaccoletti affirment qu'il n'est pas nécessaire de les considérer comme un traitement permanent. L'accompagnement psychologique joue un rôle clé dans le succès de toute démarche de déprescription, soulignant la nécessité d'une approche équilibrée et humaine. La dépression reste un enjeu de santé publique majeur, et il est impératif d'aborder le sujet de manière proactive et informée.







