Lors de son audition à l'Assemblée nationale le 4 décembre, Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, a fait preuve d'une grande prudence en naviguant à travers les interrogations des députés. Convoquée dans le cadre d'une commission d'enquête sur le financement et la neutralité de l'audiovisuel public, elle a élaboré un discours axé sur des promesses de réponses futures, laissant de nombreuses questions en suspens.
Les propos de Ernotte ont évoqué la « situation financière critique » de son groupe, récemment mise en lumière par un rapport de la Cour des comptes. Répondant aux préoccupations du rapporteur Charles Alloncle, elle a déclaré : « Je me suis toujours conformée aux décisions de mon conseil d'administration, respectant les objectifs budgétaires qui m'ont été assignés, année après année. »
Elle a également souligné que la responsabilité de fixer les budgets ne relevait pas d'elle mais de son conseil d'administration, insistant sur le fait qu'elle s'y conforme toujours. Cette défense a été qualifiée par certains observateurs d'évasion, laissant planer un doute sur sa capacité à prendre pleinement les rênes de la situation financière de l'entreprise.
Concernant les accusations de biais idéologique au sein de France Télévisions, notamment sur la plateforme numérique Slash, Ernotte a réaffirmé son engagement envers l'équité en matière d'information. « France Télévisions est un média financé par tous et doit répondre aux attentes de tous », a-t-elle déclaré, tout en promettant des explications plus approfondies par écrit sur les points sensibles soulevés par les élus.
La commission d'enquête a été instituée suite à l'affaire Legrand-Cohen, où deux journalistes ont été accusés de connivence avec le Parti socialiste. C'est dans ce contexte tendu qu'Ernotte s'est retrouvée, confrontée aux interrogations sur des contenus jugés provocateurs, tels que ceux sur la question du « privilège blanc » et d'autres sujets sensibles diffusés sur Slash.
Face à la perspective d'une gestion plus transparente, certains experts, comme le professeur en sciences politiques, Jean-Pierre Dubois, estiment qu'il est impératif pour l'audiovisuel public de renforcer ses garanties d'indépendance : « La crédibilité de France Télévisions est en jeu. Les citoyens doivent être convaincus de la neutralité de l'information qui leur est présentée. » Pendant ce temps, les promesses de réponses écrites de Delphine Ernotte restent une attente pour les députés et le public.
