Dans un tournant décisif des relations entre l'Europe et les géants technologiques américains, l'Union européenne (UE) a décidé d'imposer une amende de 120 millions d'euros à X, l'ancien Twitter, désormais sous la houlette d'Elon Musk. Cette mesure s'inscrit dans le cadre du règlement sur les services numériques (Digital Services Act, DSA), un nouvel arsenal législatif visant à clarifier les responsabilités des plateformes en ligne.
Jusqu'alors, l'UE avait fait preuve de retenue en matière de sanctions financières. Toutefois, ce premier coup porté à X est emblématique de la volonté de l'Europe de faire respecter ses règles. Selon la Commission européenne, X a enfreint plusieurs obligations, notamment en matière de transparence dans le système de publicité et d'authentification.
Les enjeux de cette décision sont multiples. D'une part, il s'agit d'un message fort à l'industrie tech, signalant que l'UE n'hésitera pas à appliquer des sanctions contre ceux qui ne respectent pas ses lois. D'autre part, une crainte latente persiste au sein des instances européennes : celle de compromettre le soutien américain à l'Ukraine, qui est déjà fragile en raison des tensions politiques. Selon des sources proches de la présidence de la Commission, ce pourrait être un facteur ayant conduit à la limitation de l'amende à un montant relativement modeste.
L'enquête de l'UE a mis en lumière plusieurs problèmes. Le premier concerne l'identité vérifiée par le biais des coches bleues, qui ont été transformées en un produit monétisé accessible à tous grâce à l'abonnement « X Premium ». Cette dérive est perçue comme une tromperie envers les utilisateurs, soutient la Commission. La société indique que cela favorise la désinformation et la manipulation d'opinion, des éléments qu'elle entend contrer par le DSA.
En plus de cela, Bruxelles a soulevé des préoccupations concernant l'opacité du système publicitaire de X, qui ne respecte pas les exigences de transparence exigées par la loi. Un registre public des annonces est censé être mis à disposition pour informer le public sur les sources de financement et le ciblage des publicités. Or, X a été accusé d'avoir fourni des données incomplètes, entravant toute forme de contrôle par la société civile.
Enfin, un autre point critique concerne l'accès restreint aux données publiques pour les chercheurs et les ONG, qui se heurtent à des obstacles pour obtenir des informations essentielles sur l'activité de la plateforme. L'UE considère que cette absence de collaboration nuit à la recherche indépendante, un pilier incontournable de la démocratie.
Réagissant à cette décision, des voix s'élèvent de l'autre côté de l'Atlantique, notamment celle du vice-président américain, qui fustige cette action comme une atteinte à la liberté d'expression. Cela soulève des questions sur les relations futures entre Bruxelles et Washington, surtout dans un contexte de tensions géopolitiques exacerbées.
Pour l'heure, la réaction d'Elon Musk reste à venir. Traditionnellement, le milliardaire a recours à sa plateforme pour exprimer son désaccord, qu'il interprète souvent comme une forme de censure. Pour l'UE, cependant, il ne s'agit pas de modérer le discours, mais de garantir un environnement sûr et transparent pour tous les utilisateurs.
Ce premier signal de fermeté envoyée par l'Union européenne à l'égard d'un acteur majeur de la tech pose un jalon important dans l'évolution du paysage numérique. Alors que l'avenir des relations transatlantiques et la réponse de Musk demeurent incertains, cette amende marque un tournant dans la régulation des plateformes numériques.







