À Bourg-en-Bresse, le monastère royal de Brou, chef-d'œuvre du gothique, raconte non seulement des siècles d'histoire mais aussi une histoire d'amour exceptionnelle. Ce monument a été conçu par Marguerite d'Autriche en mémoire de son époux Philibert le Beau. Au cœur de ce lieu emblématique, le tombeau monumental de Philibert, ainsi que celui de Marguerite, témoignent d'une passion éternelle.
Construit à partir de 1506, ce monument fut l'œuvre d'une femme déterminée, Marguerite, qui après avoir perdu son mari en 1504, entreprit de créer un mausolée grandiose pour lui rendre hommage. Comme le souligne Lucie Gouilloux, spécialiste du patrimoine au monastère de Brou, “Marguerite a dû se battre pour faire respecter son souhait d'enterrer Philibert ici, voulant déroger aux traditions de son temps”. Les restrictions juridiques sur les lieux d'inhumation à l'époque rendent son entreprise d'autant plus audacieuse. Selon des sources historiques, Marguerite n'est jamais revenue à Brou après avoir lancé la construction, mais elle repose aujourd'hui aux côtés de son époux, une union scellée même dans la mort.
Le tombeau de Marguerite, tout comme celui de Philibert, est orné de sculptures délicates. Récemment restaurés, ces monuments témoignent d'un savoir-faire exceptionnel et d'une attention portée aux détails, comme le souligne Pierre-Gilles Girault, administrateur du site : “Chaque sculpture, chaque motif est le reflet de l'amour et du dévouement de Marguerite”.
Des restaurations récentes ont inclus la réintégration de statues, dont la sibylle de Cumes, identifiée après près de deux siècles de séparation. En 2018, un véritable miracle s'est produit lorsque la tête dérobée de cette statue a été retrouvée à Saint-Omer. Cette retrouvaille a été décrite par la restauratrice Sabine Kessler comme un moment émotionnel : “Restaurer la tête, c'était comme lui redonner vie”.
De plus, en 1998, la toiture du monastère a bénéficié d'une restauration conséquente, permettant de redonner leurs couleurs d'origine aux tuiles vernissées, à partir de fragments retrouvés. Romain Bourgeois, directeur des rénovations, explique : “Nous avons soigneusement reconstitué les motifs colorés d'origine, basés sur des descriptions d'époque”.
Le monastère de Brou, avec ses 6 000 mètres carrés d’espace d’exposition et près de 500 œuvres, n’est pas seulement un site historique mais un véritable musée vivant. Ce lieu reflète l'héritage d'une époque où l'amour et la passion se mêlent à l'art, et invite les visiteurs à découvrir l’héritage culturel de la France. Pour ceux qui planifient une visite, cet endroit est à ne pas manquer, un vrai témoignage de la grandeur de Marguerite et Philibert, où chaque pierre porte l'empreinte d'une belle histoire.







