Le tribunal correctionnel de Nanterre a prononcé le 18 décembre une peine de deux ans et demi d’emprisonnement ferme à l’encontre d’une nourrice, reconnue coupable d'avoir empoisonné les parents d’enfants juifs dont elle avait la charge. La circonstance aggravante d’antisémitisme n’a pas été retenue, provoquant des débats passionnés.
Les faits se déroulent dans un contexte de conflit salarial qui a conduit cette nourrice, d'origine algérienne, à verser des produits toxiques dans des bouteilles d'alcool dans un accès de désespoir. Lors de son arrestation, elle avait avoué avoir intentionnellement contaminé des boissons pour se venger de ses employeurs. Toutefois, lors de son procès, elle s'est rétractée, qualifiant ses aveux de résultats de la pression policière.
Le président du tribunal a évoqué une « trahison majeure de la confiance » accordée par les parents, notant que les actes de la prévenue ont causé un « traumatisme durable » pour la famille. Bien que des propos antisémites aient été rapportés lors d'une perquisition, le tribunal a estimé que ces commentaires n’étaient pas suffisamment liés aux affaires discutées pour constituer une circonstance aggravante.
Cette décision soulève de nombreuses questions. Maitre Sacha Ghozlan, avocat de la famille victime, a exprimé son inquiétude face à l'absence de reconnaissance de la dimension antisémite des actes de la prévenue, déclarant que cela « envoie un signal particulièrement préoccupant ». De même, Maitre Céline Bekerman, représentant la Licra, a souligné l’importance de prendre en compte de tels discours dans des affaires de cette nature.
Les experts s’accordent à dire que le déni d'une telle agression pourrait avoir des conséquences néfastes sur la perception et la lutte contre l'antisémitisme en France. Le Monde a également relayé que les autorités judiciaires doivent être vigilantes à l'égard de ce type de motivations pour renforcer le cadre légal contre la haine raciale.
La nourrice, bien que condamnée, a soulevé une problématique plus large en abordant des sentiments de revanche contre ce qu'elle percevait comme des inégalités socio-économiques. En agissant sur des stéréotypes, elle a mis en lumière des fractures de la société français qui méritent d'être examinées et discutées.
Enfin, la prévenue a été condamnée pour usage de faux documents administratifs et se verra interdire l'entrée sur le territoire français pour une durée de cinq ans, soulignant ainsi la gravité de ses actes au-delà de l'empoisonnement.







