Dans une spirale tragique, la France déplore la perte de trois jeunes âgés de 14 à 19 ans, victimes d'un accident de voiture où le protoxyde d'azote, un gaz initialement utilisé pour anesthésie et pâtisserie, est mis en cause. Cette substance, de plus en plus prisée par les jeunes pour ses effets euphorisants, n’est désormais plus un sujet de rire.
Apparue dans les années 2000, la vente de cartouches de protoxyde d’azote en magasin, bar ou encore en ligne est en pleine expansion. Selon une étude de Santé publique France, 14 % des jeunes de 18 à 24 ans avouent avoir essayé ce gaz, et parmi ceux-ci, 50 % en consomment quotidiennement. La dangerosité du gaz, souvent minimisée, entraîne pourtant des effets psychoactifs néfastes qui nuisent à la sécurité routière, conduisant à un nombre croissant d'homicides imputés à son utilisation, comme le souligne une enquête de la Fondation Vinci Autoroutes.
Les conséquences vont au-delà des accidents, avec des cas d'intoxication de plus en plus fréquents. En effet, les autorités de santé alertent sur des effets dévastateurs, notamment des troubles neurologiques et respiratoires. Ce constat alarmant est corroboré par des études récentes qui évoquent une augmentation notable des cas d'asphyxie due à cette substance.
Face à cette situation préoccupante, la législation française peinerait à suivre le rythme. Même si une loi de 2021 a restreint la vente aux mineurs et régulé la quantité d'achat, il n’existe actuellement aucune interdiction sur la consommation avant de conduire. En comparaison, des pays comme le Royaume-Uni ou les Pays-Bas ont pris des mesures plus strictes en interdisant la vente aux particuliers.
Évitant d'attendre les décisions gouvernementales, plusieurs maires, comme à Libourne et Agen, ont pris des initiatives locales en instaurant des arrêtés municipaux d’interdiction. Pourtant, des propositions de loi visant à encadrer davantage l'usage de ce gaz, bien que prises, dorment encore dans les méandres de la navette législative.
Comment expliquer cette inertie face à un véritable fléau de santé publique? L’urgence d’un cadre législatif clair est plus que jamais de mise, afin de protéger les jeunes générations et d’éradiquer cette menace. La France devra agir, avant que la liste des victimes ne s’allonge davantage.







