Le tribunal fédéral de Yenagoa au Nigeria s'apprête à juger la compagnie pétrolière britannique Shell, accusée de graves atteintes environnementales par Bubaraye Dakolo, roi du royaume d’Ekpetiama. Ce dernier réclame la somme colossale de 12 milliards de dollars pour couvrir les coûts de dépollution et d'indemnisation.
Shell est depuis longtemps sous le feu des critiques pour son impact environnemental dans le delta du Niger, une région riche en pétrole qui souffre depuis des décennies de déversements d'hydrocarbures et de pollution des terres agricoles et des ressources en eau. La filiale locale, la Shell Petroleum Development Company, est particulièrement pointée du doigt pour des fuites et des combustions de gaz à l'air libre, engendrant des marées noires dévastatrices qui ont mis en péril les moyens de subsistance de millions de personnes, selon les experts.
En soutenant sa demande, le roi Dakolo s'appuie sur plusieurs organisations non gouvernementales, comme Social Action Nigeria et Health of Mother Earth Foundation, qui luttent également contre les injustices environnementales. Ces ONG estiment que la pollution due à Shell a gravement perturbé l'écosystème local et causé une crise humanitaire, affectant des communautés entières.
Comme l'indique un communiqué de l'ONG Health of Mother Earth Foundation, "Shell veut abandonner un désastre qui a détruit nos rivières, nos terres agricoles et nos moyens de subsistance". La situation se complique davantage avec les accusations selon lesquelles le gouvernement nigérian aurait vendu sa part dans un consortium pétrolier à Renaissance en mars dernier, sans respecter les obligations environnementales qui lui incombent selon la législation nationale.
Les autorités nigérianes, y compris le ministre des Ressources pétrolières et la Commission nigériane de réglementation du secteur amont du pétrole, sont également dans le viseur du plaignant, accusés de complicité dans cette affaire. Ce procès pourrait marquer un tournant crucial dans la lutte pour la justice environnementale au Nigeria.
Olanrewaju Suraju, directeur du Centre de ressources HEDA, a indiqué : "Il s'agit d'un moment crucial dans l'histoire environnementale et juridique du Nigeria. La Cour a l'occasion de faire respecter la justice et de démontrer qu'aucune entreprise n'est au-dessus des lois dans le pays." Ce procès, qui pourrait avoir des répercussions importantes, sera suivi de près par les militants écologiques et les citoyens concernés par les impacts de l'industrie pétrolière sur l'environnement.







