Au cours de la semaine dernière, la publication de la nouvelle stratégie de sécurité nationale par le président Trump a fait grand bruit, attirant l'attention sur la faiblesse perçue de l'Europe et signant un tournant historique dans les relations américaines et occidentales.
Depuis son arrivée à la présidence en 2017, et plus intensément avec son second mandat, Donald Trump remet en question une vision du monde qui date d’un peu plus d’un siècle : l’Occident. En citant des figures historiques telles que William McKinley, qui a joué un rôle central dans l’essor impérial des États-Unis, Trump affirme une politique protectionniste et une orientation vers l'océan Pacifique, défendant une Amérique déterminée à remodeler son environnement stratégique loin des préoccupations européennes.
Ce « néo-mckinleyisme » s'inscrit en rupture avec les précédentes évolutions de la politique étrangère américaine, redéfinissant le rôle des États-Unis dans un monde multipolaire. Selon certains experts, cette vision pourrait affaiblir l'alliance transatlantique, autrefois fondée sur des valeurs et des destinées communes.
Matrice civilisationnelle
Le paradoxe de la politique américaine, illustré par McKinley, réside dans sa transformation du protectionnisme en instrument d'expansion extérieure. Les États-Unis, autrefois considérés comme une nation à l'écart des affaires mondiales, se sont progressivement affirmés comme un acteur majeur cherchant à façonner le monde. Pour convaincre un public historiquement isolationniste, la propagande de la Première Guerre mondiale a accentué les liens civils et culturels entre l'Europe et l'Amérique.
Dans les années 1910, les élites américaines cherchent à établir une légitimité à l’engagement militaire des États-Unis contre l’Allemagne. Des institutions comme Harvard et Columbia ont propagé l’idée que l’Amérique partage un destin commun avec l’Europe, soulignant l’importance de défendre une civilisation occidentale en danger.
Communauté de destin
Ce narratif académique pave la voie à la création de l'OTAN et à l'idée d'une communauté de valeurs unifiées entre les deux rives de l'Atlantique. Avec la montée des tensions en Europe, le besoin d'un leadership américain apparaît non seulement comme nécessaire, mais comme inéluctable. Certains observateurs, comme le politologue Francis Fukuyama, considèrent ce changement comme une opportunité pour réaffirmer l’engagement américain face à des défis sans précédent.
Dans le contexte actuel, la stratégie de Trump semble abandonner l'idée d'une Amérique comme protecteur de l'Occident, se tournant plutôt vers un modèle transactionnel où les États-Unis attendent des alliés qu’ils partagent le fardeau des efforts de sécurité. Ce changement est perçu par les critiques comme une dégradation des relations traditionnelles, laissant l'Occident vulnérable face à des menaces croissantes tant internes qu'externes.
La réorientation des priorités stratégiques de la Maison Blanche pourrait ne pas seulement affecter les relations transatlantiques, mais également redéfinir la nature du pouvoir américain sur la scène internationale, à un moment où les tensions géopolitiques se font de plus en plus pressantes. L'avenir de l'Occident, tout comme la stature des États-Unis en tant que leader, pourrait dépendre de la manière dont ces tumultueux changements seront gérés.
