Le gouvernement italien dirigé par Giorgia Meloni s'apprête à proposer une réforme surprenante : augmenter le plafond des paiements en espèces de 5 000 à 10 000 euros. Cette initiative, portée par le parti Fratelli d'Italia, vise à stimuler l'économie en incitant les dépenses des touristes, tout en permettant, selon ses partisans, d'injecter de l'argent "non déclaré" dans l'économie légale.
Marco Osnato, président de la commission des Finances de la Chambre des députés, a déclaré : "Nous pensons qu'une grande quantité d'argent liquide en circulation peut être retransformée en richesse légale grâce à une taxe modeste de 500 euros sur les paiements supérieurs à 5 000 euros". Les partisans de cette mesure affirment qu'elle pourrait relancer certains secteurs, notamment ceux liés au tourisme.
Toutefois, cette proposition suscite des inquiétudes au sein de l'opposition, qui la qualifie de "mesure désespérée pour lever des fonds". Antonio Misiani, sénateur du Parti démocrate, a souligné les dangers potentiels d'une telle élévation du plafond, notamment pour les activités illégales. Il déclare : "Cela risque d'encourager la fraude fiscale et le blanchiment d'argent".
À l'échelle européenne, la nouvelle législation contre le blanchiment d'argent a fixé un plafond de 10 000 euros pour les paiements en espèces à partir de juillet 2027. Cependant, chaque État membre peut établir des limites inférieures. Dans des pays comme la France, la limite actuelle pour les paiements en espèces est de 1 000 euros, une mesure destinée à renforcer la transparence économique.
Des experts économiques estiment que cette initiative pourrait avoir des conséquences à long terme sur la lutte contre l'économie souterraine en Italie. Selon Paolo Sestito, économiste à la Banque d'Italie, "faibles limites peuvent décourager les transactions légales et favoriser des pratiques douteuses". Le débat est loin d'être clos, alors que le gouvernement cherche à concilier relance économique et responsabilité fiscale. Dans ce contexte délicat, l'opinion publique reste partagée sur l'efficacité d'une telle mesure.







