Un rapport parlementaire vient de révéler des lacunes alarmantes dans les contrôles des produits importés en Europe et en France, en mettant l'accent sur la nécessité d'instances plus strictes face aux géants asiatiques de l’e-commerce. Fin 2022, des douaniers à l’aéroport de Roissy ont inspecté 250 palettes de « mastercartons », qui contenaient des milliers de petits colis provenant de plateformes comme Shein et Temu. Les résultats ont été ahurissants : 96 % des produits s'avèrent contrefaits ou non conformes aux normes européennes.
Ce constat alarmant est d'autant plus préoccupant que la France ne contrôle même pas 1 % des biens manufacturés qu'elle importe, ce qui constitue une faille majeure pour la sécurité des consommateurs. Il ne fait aucun doute que l'essor du commerce en ligne et le poids croissant des plateformes asiatiques s'accompagnent d'une montée des « fraudes massives et systémiques », comme l'a souligné Romain Eskenazi, député PS du Val-d’Oise.
Le rapport met également en lumière les dangers posés par ces produits non conformes, ainsi que la concurrence déloyale que cela engendre pour le commerce français. Selon une étude de la Fédération de la vente à distance (Fevad), un article sur quatre commandé via ces plateformes est retourné, ajoutant ainsi à l'empreinte carbone, à hauteur de 90 vols d'avion atterrissant quotidiennement en Europe. Cette situation posée par le rapport suscite l'inquiétude de nombreux acteurs du secteur, qui demandent des mesures urgentes.
Face à cette crise, le gouvernement français a déjà entamé des démarches, comme assigner Shein devant la justice et promouvoir une taxation des petits colis. Cependant, les rapporteurs insistent sur la nécessité d'aller plus loin. Antoine Vermorel-Marques, député LR de la Loire, juge impératif que les plateformes soient tenues responsables de ce qu'elles vendent. Il appelle à la réforme de l'union douanière européenne, permettant de désigner les plateformes comme « importateurs présumés » en cas de non-identification de l'expéditeur.
Des mesures préventives, allant de l'avertissement à la suspension des plateformes fautives, pourraient être envisagées pour pallier le Far-West actuel dans le secteur de l'e-commerce. C'est un sujet de préoccupation majeure pour le ministre des Finances, qui, lors d’un débat à l’Assemblée nationale, a évoqué l'importance de maintenir les moyens des services de contrôle en place et d'informer le grand public sur les risques liés aux produits importés non conformes.
Dans cette spirale de surconsommation, les consommateurs doivent prendre conscience des dangers. L'évaluation des risques devrait les inciter à réfléchir avant de cliquer pour acheter.







