Dans toute la France, et particulièrement en Ile-de-France, les Restos du cœur sont en pleine crise de bénévolat. Le centre de distribution d’Argenteuil, le plus grand du Val-d’Oise, illustre parfaitement cette situation : de nombreux bénévoles fuient les postes à responsabilité jugés trop exigeants et chronophages. Dominique, fidèle membre depuis 9 ans, préfère s'investir sur le terrain plutôt que gérer des équipes. "À la retraite, je n'ai plus l'envie de revivre cette pression", confie-t-il.
Depuis le début de septembre, pas moins de 16 annonces de recherche de bénévoles ont été publiées, dont 15 spécifiquement pour des rôles de chef ou d'assistant. Ces postes touchent divers domaines tels que la logistique, la collecte, et les ressources humaines. Le centre d'Argenteuil a une mission supplémentaire : il alimente également les Hauts-de-Seine. Face à cette demande croissante, Marie-France Ligeret, secrétaire départementale, note que ceux qui prennent ces responsabilités se retrouvent souvent surchargés. "C'est comme si ceux qui sont là devaient pallier l'absence des autres", déplore-t-elle.
Une réalité alarmante est la moyenne d'âge élevée des bénévoles, qui est de 70 ans, témoignant d'une nécessité urgente de rajeunir les effectifs. De nombreux postes actuellement vacants sont déjà occupés par des bénévoles souhaitant alléger leur charge de travail. Marie-France évoque le cas d’un responsable qui envisage sérieusement de se retirer du projet, exprime ses frustrations de ne pas trouver de remplaçant.
Les exigences actuelles d'engagements bénévoles ne correspondent plus à l'évolution des aspirations des volontaires. Le baromètre de France bénévolat signale une tendance vers des engagements plus ponctuels. Ainsi, des bénévoles, comme Christine, 61 ans, préfèrent se consacrer moins de jours par semaine et éviter les positions de responsabilité en raison de leur implication ailleurs. "Être responsable, c’est un sacré engagement", précise Hervé Robert, en place depuis cinq ans à Argenteuil. Il consacre bien plus de 30 heures par semaine à cette mission.
Dans un contexte où un salaire pour ces rôles serait insoutenable, Marie-France rappelle qu'il est vital de garder la mission à flot. "Si nous devions rémunérer tous nos bénévoles, nos ressources distribuées seraient drastiquement réduites", met-elle en avant.
Pour résoudre cette impasse, le mécénat de compétences pourrait offrir une lueur d'espoir. Certaines entreprises proposent d'affecter des employés, souvent en phase de pré-retraite, aux associations. "Cela pourrait vraiment nous aider", souligne Marie-France, bien que le défi consiste à trouver ces entreprises. Par ailleurs, les Restos du cœur envisagent également une réflexion nationale sur la manière d'attirer et de fidéliser les bénévoles, en tenant compte de l’évolution de leurs attentes.







