Le 19 octobre dernier, un cambriolage audacieux au Louvre a suscité de vives inquiétudes quant à la sécurité des musées en France. Selon une enquête administrative présentée au Sénat, il a été établi que le vol aurait pu être arrêté « à 30 secondes près ». Cette conclusion accablante met en lumière des défaillances graves dans le système de sécurité du musée, rappelant les alertes antérieures qui n'ont pas été prises au sérieux.
Des sénateurs s'interrogent sur le défaut structurel dans la vigilance de l'établissement. Les conclusions de l'enquête soulignent un manque flagrant de communication au sein de la direction. Notamment, des audits datant de 2019, qui avaient mis en avant les failles de sécurité, n'ont pas été transférés à la direction actuelle. Cette situation traduit une inquiétante « amnésie organisationnelle » qui pourrait avoir des répercussions graves.
« À 30 secondes près, les agents de Securitas ou les forces de l'ordre auraient pu intercepter les voleurs », a déclaré Noël Corbin, responsable de l’Inspection générale des affaires culturelles (Igac). Une série de caméras a filmé l’arrivée des voleurs et leur fuite, mais ces images n’ont pas été visionnées en temps réel. Lorsqu’un agent a décidé de vérifier les enregistrements, il était déjà trop tard.
Laurent Lafon, président de la commission de la culture du Sénat, a décrit ces événements comme un reflet d’un « échec systémique » à tous les niveaux de l’établissement. Ce cambriolage ne serait donc pas le fruit du hasard mais le résultat d'un manque de mesures préventives bien identifiées par le passé. En effet, les lacunes avaient été relevées à plusieurs reprises par divers rapports, sans que des actions concrètes ne soient mises en place.
Noël Corbin a également exprimé sa surprise face à « la faible transmission des audits de sécurité » au musée, un échec qui a contribué à une gestion inadaptée sous la nouvelle présidence de Laurence des Cars depuis 2021. Symboliquement, un audit de 2019 réalisé par la joaillerie Van Cleef & Arpels n'a pas trouvé écho dans les décisions prises par la direction actuelle.
En parallèle de ces révélations, le Louvre se trouve dans une situation difficile, avec des menaces de grève imminente de la part de ses employés, mécontents des arrangements de sécurité jugés insuffisants. Dans un contexte déjà tendu, la ministre de la Culture, Rachida Dati, a lancé une enquête post-cambriolage, se traduisant par des mesures d'urgence, notamment l'installation de dispositifs anti-intrusion. Pourtant, ces révélations laissent penser que des changements significatifs dans les systèmes de sécurité du musée seront nécessaires pour éviter de futurs incidents.
Les auditions au Sénat vont se poursuivre la semaine prochaine. L’ancien président du Louvre, Jean-Luc Martinez, sera interrogé sur la gestion passée des mesures de sécurité, alors que la communauté artistique française se demande comment le musée le plus visité au monde trouvera un moyen durable d’assurer la protection de ses trésors.







