Pour la première fois, une analyse conjointe des données du ministère de l'Intérieur et du ministère de la Justice révèle des chiffres alarmants concernant les violences conjugales en France. Près de 800 000 affaires, enregistrées entre 2018 et 2023, ont été examinées, permettant d'évaluer le parcours judiciaire des plaintes.
Une étude, relayée par Le Monde, a mis en évidence que 42% des plaintes pour violences conjugales sont classées sans suite, soit un chiffre inquiétant au regard de la gravité des faits. Cela soulève des questions cruciales sur l'efficacité du système judiciaire. Selon Elise Lévêque, co-auteure de l'étude, ce classement peut être dû à des infractions insuffisamment caractérisées ou à l'absence de preuves tangibles.
Globalement, 84% des affaires traitées par la police ont abouti à un lien avec une affaire judiciaire, mais seulement un peu plus de la moitié des victimes ont vu des suites données à leur plainte. Tandis que 31% ont abouti à des poursuites, 23% ont bénéficié d'alternatives. Pour les violences physiques, les taux de poursuites sont bien plus élevés (77% en cas de tentative d'homicide), tandis que les cas de violences psychologiques peinent à obtenir un traitement judiciaire adéquat, avec un taux de poursuites qui tombe à seulement 19%.
Valérie Carrasco, également impliquée dans l'étude, souligne que les violences psychologiques et verbales, bien que fréquentes, ne semblent pas bénéficier de l'attention judiciaire requise. Les chiffres des autres types de violences sexuelles, comme les viols et tentatives de viol, montrent des poursuites en chute, environ un tiers des cas. Pourtant, si l'affaire est portée devant un tribunal correctionnel, 96% des cas aboutissent à une déclaration de culpabilité, indiquant ainsi un besoin urgent d'une meilleure gestion des plaintes dès leur signalement.
Ces résultats ont conduit des experts, comme Christine Gonzalez-Demichel, à appeler à une réévaluation des processus existants. "Il est essentiel d'adapter notre approche, notamment en matière de violence psychologique, pour que toutes les victimes reçoivent le soutien et la protection nécessaires", a-t-elle souligné. En se basant sur cette étude, le gouvernement envisage de mener d'autres analyses pour mieux cerner les spécificités de ces violences, contribuant ainsi à une justice plus équitable.







