Le taux du Livret A, pilier de l’épargne française, pourrait connaître une nouvelle diminution au début de l'année 2026. Ce tournant serait principalement dû à un ralentissement de l'inflation, mais les décisions à venir du gouvernement, à l'approche des élections municipales, pourraient influer sur cet avenir incertain.
Les livrets réglementés, dont le Livret A est le plus emblématique, voient leur taux révisé deux fois par an, en janvier et en juillet. Selon les analyses des experts, notamment celles de l’IESEG School of Management, le taux pourrait être réduit à environ 1,4 %. En effet, Eric Dor, directeur des études économiques, signale que les prévisions actuelles évoquent un taux oscillant entre 1,3 % et 1,5 %, en lien avec une inflation mesurée à seulement 0,9 % sur un an en novembre, comme rapporté par l’Insee.
Il est intéressant de noter que ces prévisions s’inscrivent dans un contexte où, malgré une forte tradition d’épargne en France, les citoyens ont tendance à retirer davantage d’argent de leurs Livrets A. En octobre, cette décollecte a atteint un pic de 3,81 milliards d'euros, soulevant des inquiétudes parmi les économistes concernant le pouvoir d'achat.
Mais la question demeure : le gouvernement appliquera-t-il la formule de calcul ou optera-t-il pour une dérogation ? Les précédents montrent que des dérogations ont été fréquentes. Le gel du taux à 3 % pendant 18 mois, de 2023 à janvier 2025, en est un exemple. Bien que cette décision ait été justifiée par le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, une application stricte de la formule aurait laissé entrevoir des taux largement supérieurs, dépassant même les 4 % au second semestre 2023.
Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne, évoque les ambitions du gouvernement, notamment la volonté de stimuler la consommation. Il prédit que la popularité de la décision influencera fortement la politique à adopter, surtout à l'approche des élections municipales. Dans ses récentes déclarations, il précise : “Avant les élections locales, il serait judicieux pour le gouvernement de retarder une nouvelle baisse du taux du Livret A.”
Par ailleurs, le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO) a suggéré plusieurs réformes fiscales, y compris des modifications des plafonds pour les livrets d’épargne réglementée. Toutefois, le ministre Roland Lescure a rapidement rejeté toute idée de changement, affirmant que le Livret A est un outil essentiel pour soutenir les ménages et financer le logement social. Ces petits ajustements dans la fiscalité ne sembleraient donc pas à l'ordre du jour.
Le débat autour du Livret A s'illustre ainsi par des tensions entre la nécessité d'un bon rendement pour les épargnants et les impératifs économiques du pays. Alors que le Gouvernement est dans une position délicate, la attente se cristallise en faveur d'un maintien d'un taux d'intérêt équitable, face aux enjeux économiques actuels.







