Une étude récente du groupement d'intérêt scientifique (GIS) Marsouin met en lumière les disparités dans les rapports des Français au numérique. Bien que l'accès à Internet soit aujourd'hui généralisé, une grande partie de la population continue de se sentir mal à l'aise avec les outils numériques.
Selon le baromètre du numérique de 2025, seulement 37 % des Français adultes expriment une confiance totale dans les technologies numériques. Parmi eux, un groupe restreint, principalement composé de jeunes urbains, avertis et aisés, se démarque comme les grands utilisateurs. Les autres, souvent marqués par des freins psychosociaux importants, se retrouvent face à un malaise considérable influencé par des croyances erronées ou des perceptions négatives des technologies.
Cette étude révèle que 18 % des personnes se disent "empêchées" de tirer profit des avantages qu'offre le numérique, tandis que 37 % ressentent une inquiétude liée à la sécurité de leurs données personnelles. Des experts, tels que Pascal Plantard, professeur en sciences de l'éducation à l'université Rennes 2, soulignent que ces réticences ne sont pas simplement une question d'âge ou de compétence. Au contraire, elles sont ancrées dans des contextes de vie variés qui jouent un rôle central dans l'appropriation des technologies.
Les chercheurs notent également que l'âge et le niveau de compétence ne suffisent pas à expliquer l'usage du numérique. En effet, le courrier électronique, apprécié par un certain nombre de professionnels, reste sous-utilisé par d'autres catégories, comme les ouvriers. En conséquence, cette fracture numérique renforce l'exclusion sociale et complique l'accès aux droits sociaux pour de nombreux citoyens, un constat que confirme une étude du Défenseur des droits.
Pour remédier à cette situation, il est impératif de réévaluer la manière dont les outils numériques sont développés. Les concepteurs tendent à se focaliser sur un "utilisateur standard", négligeant ainsi la diversité existante dans la population. Une approche plus inclusive pourrait contribuer à élargir l'accès et l'usage des technologies numériques. La recherche collaborative, comme celle menée dans les établissements médico-sociaux via le projet CAPUNI-EMS, pourrait apporter des solutions adaptées à cette diversité.
Enfin, un soutien accru aux médiateurs numériques est crucial pour accompagner les usagers moins à l'aise, afin de les aider à naviguer efficacement dans ce monde numérique. Comme le souligne Jérôme Clerget, chercheur à l'université Rennes 2, "nous avons besoin d'un numérique qui renforce l'autonomisation de chaque individu, en s'appuyant sur des initiatives collectives et citoyennes".







