Anthony Tchakerian, directeur général de Sesterce, souligne l'importance critique de la maîtrise des prix de l'électricité pour l'avenir énergétique et technologique de la France. En plaçant cette question au cœur de l'agenda politique, le Premier ministre a indiqué une prise de conscience nécessaire face à l'évolution du contexte énergétique mondial. L'électricité, soutient Tchakerian, n'est plus simplement une marchandise, mais bien le pilier de notre souveraineté économique.
Ce tournant ouvre la voie à ce que Tchakerian appelle une « alchimie moderne », où l'électricité devient matière première non seulement pour alimenter nos industries, mais aussi pour nourrir l'intelligence artificielle. Selon lui, la capacité d'un pays à transformer son énergie en innovations technologiques définira bientôt sa puissance à l'échelle mondiale. Un chiffre, l'exaflop, traduit cette évolution : plus un pays peut générer de capacité de calcul, plus il sera compétitif et influent.
La France, grâce à son parc nucléaire, produit une électricité décarbonée qui, selon Tchakerian, devrait être valorisée et non exportée brute. « Vendre notre électricité non transformée, c’est comme vendre notre blé brut au lieu de préparer du pain », insiste-t-il. Il plaide ainsi pour que la France s'affirme non seulement comme une réservoir d'énergie pour l'Europe, mais comme une véritable « usine à intelligence ».
Les ambitions de Tchakerian pour Sesterce ne s'arrêtent pas là. L'entreprise travaille à établir des centres de calcul dans des régions comme les Hauts-de-France et l’Île-de-France, prouvant qu'une infrastructure solide peut émerger à l’échelle locale. Cependant, il avertit qu’un cadre stable et prévisible de l'État est essentiel pour soutenir ces initiatives. « La volatilité des marchés est un poison mortel pour le long terme », déclare-t-il. Il appelle donc à un pacte clair entre le gouvernement et l'industrie, avec un engagement sur les prix de l'électricité et des incitations fiscales pour encourager l'innovation.
Un appel qu’appuyent plusieurs experts, qui soutiennent que sans une révolution dans la façon dont la France gère son énergie, ses entreprises risquent de se voir attirées par des marchés étrangers aux promesses séduisantes. Le défi, selon des analystes du secteur, est de tirer parti des atouts indéniables du pays – son expertise technique, son réseau d'ingénieurs et sa capacité de recherche – pour garantir une place de choix dans un monde technologique en rapide évolution.
Ainsi, la France est à un tournant historique. Si elle réussit à mettre en place les structures nécessaires pour capitaliser sur sa production d'électricité décarbonée, elle pourrait non seulement regagner sa position de leader industriel, mais aussi forger une nouvelle identité sur la scène mondiale, celle d'une puissance moderne et innovante. L'occasion est là, et l'heure n'est plus à l'hésitation, mais à l'action.







