Le Sénégal a décidé de suspendre toute demande d'extradition vers la France, marquant un tournant dans les relations entre les deux pays. Cette décision fait suite à l'accusation selon laquelle Paris n'aurait pas répondu à deux demandes d'extradition formulées par Dakar.
La ministre sénégalaise de la Justice, Yassine Fall, a clarifié cette position lors d'une intervention devant les députés, affirmant que la réciprocité devait être appliquée. "Nous avons suspendu toute extradition jusqu'à ce que la France réponde positivement à nos demandes", a-t-elle déclaré.
Cette tension a été exacerbée par la récente décision de la justice française, qui a renvoyé à février la délibération sur l'extradition de Madiambal Diagne, un patron de presse sénégalais critique envers les autorités de Dakar. Selon des avocats représentant Diagne, cette situation est perçue comme un véritable "chantage diplomatique", tandis que la France, de son côté, réclame l'extradition de douze individus depuis le Sénégal.
Les avocats de Diagne soutiennent que les autorités sénégalaises exercent des pressions sur la France, n'étant pas en mesure de fournir les informations requises par la justice française. Ces poursuites sont souvent perçues comme étant de nature politique, rendant la situation encore plus complexe.
La récente fuite de Madiambal Diagne vers la France, en septembre, a ajouté une autre couche de tension; il avait été convoqué par les autorités sénégalaises dans le cadre d'une enquête sur des transactions financières suspectes. Le Sénégal a également demandé l'extradition d'un homme d'affaires sénégalais accusé de malversations.
Cette situation de tensions interpelle de nombreux observateurs et experts des relations internationales. Le politologue sénégalais Alioune Sall a déclaré à Le Monde : "Cette affaire pourrait entraîner une réévaluation des relations entre le Sénégal et la France, un effet domino qui affecterait d'autres domaines de coopération."
La récente arrestation de deux journalistes sénégalais, qui avaient interviewé Diagne alors qu'il se trouvait en France, a également soulevé de vives inquiétudes. Bien qu'ils aient été libérés, ces événements ont déclenché des manifestations au Sénégal, révélant ainsi la frénésie qui entoure la liberté d'expression dans le pays.
Le climat actuel laisse envisager un mois de février 2024 crucial pour la diplomatie entre le Sénégal et la France, alors que les deux pays tentent de naviguer à travers cette crise sous-jacente.







