Invité de l'émission "La politique s'éclaire" le 21 décembre, Éric Michoux, député UDR de Saône-et-Loire, a abordé la mobilisation persistante des agriculteurs qui se décline en une cinquantaine d'actions à travers le pays. Ces derniers, frustrés par des conditions jugées insupportables, continuent leur agitation même à l'approche des fêtes de fin d'année.
Djamel Mazi : Pensez-vous que le mouvement doit continuer pendant la période de Noël ?
Éric Michoux : Absolument, je soutiens leur mobilisation. Ce n’est pas simplement une crise sanitaire ; c'est une crise politique majeure. Les difficultés liées à la pandémie ne sont que la surface d’un malaise profond qui touche les agriculteurs. Ce secteur souffre d'une myriade de contraintes réglementaires et de normes, alors même que leur mission principale demeure la sécurité alimentaire de la nation. Le respect dû à notre agriculteurs est fondamental. Je ne pense pas que le gouvernement adopte les bonnes mesures. Nous devons agir face à la crise de l'agriculture en France.
Il faut aussi comprendre qu’en moins de vingt ans, le nombre d'exploitations agricoles a chuté de 4 millions à 400 000, ce qui est alarmant. Actuellement, près de 75% des poulets vendus en France proviennent de l'étranger, notamment d'Ukraine, où les normes sanitaires sont très inférieures à celles de l'Hexagone. Cela crée une concurrence inéquitable qui accable nos agriculteurs.
Djamel Mazi : La stratégie sanitaire du ministère de l'Agriculture est-elle efficace ?
Peut-être. Cependant, détruire entièrement les cheptels de bovins pour gérer la crise n’est pas acceptable. Ce virus ne représente pas de danger pour l’homme, et les viandes issues de ces animaux restent saines. La vaccination est un pas dans la bonne direction, mais il aurait fallu agir plus tôt.
La méthode actuelle est-elle adéquate ?
Non, elle est tardive. La gestion de ce virus révèle une crise politique plus profonde, où l’urgence d’agir n’est pas prise au sérieux. Ce sont les agriculteurs qui subissent le coût de cette inaction.
Concernant le Mercosur, qui devrait faire l'objet d'une discussion le 12 janvier, Emmanuel Macron prône des clauses robustes pour protéger notre agriculture. À ce jour, je ne pense pas qu'il faille signer cet accord, même avec de telles promesses, car les différences de normes créent une concurrence déloyale. Nous devons défendre nos agriculteurs contre des produits importés à bas coûts qui ne respectent pas nos standards.
Des membres de la profession agricole, ainsi que des économistes, s’inquiètent des conséquences à long terme de ces politiques. En attendant, les agriculteurs persistent dans leur lutte pour faire entendre leur voix et préserver leur avenir. Les mots de Michoux résonnent comme un appel urgent à une prise de conscience collective sur l'état de notre agriculture.







