Un nouvel éclairage sur l'histoire de la mode s'impose à Paris avec une double exposition qui révèle pour la première fois l'incroyable collection de Christian Dior détenue par Azzedine Alaïa. Les visiteurs auront la chance d'admirer des robes emblématiques du créateur de la maison Dior, qui dialoguent audacieusement avec l'œuvre du couturier franco-tunisien.
À partir de ce lundi, la Fondation Azzedine Alaïa mettra en avant une trentaine de pièces phare, provenant des années 1947 à 1957, au sein de l'exposition "Azzedine Alaïa et Christian Dior, deux maîtres de la Haute Couture". En parallèle, la Galerie Dior présentera un parcours riche de plus d'une centaine de pièces inattendues dans "La collection Dior d'Azzedine Alaïa" depuis le 20 novembre.
Ces pièces maîtresses proviennent des archives personnelles d'Alaïa, un collectionneur passionné qui a rassemblé au fil des quarante dernières années un impressionnant ensemble de 20.000 vêtements et accessoires, dont environ 600 créations Dior. Comme l'explique Olivier Saillard, directeur de la fondation, Alaïa était captivé par la structure novatrice des robes Dior, qui semblaient tenir seules.
- Un secret bien gardé -
Bien que son engouement pour la mode patrimoniale ait été bien connu, le contenu exact de ses archives est resté caché jusqu'à sa mort en 2017. Olivier Flaviano, directeur de la Galerie Dior, précise que "sa discrétion était telle qu'il n'a jamais montré sa collection." Ce n'est qu'en 2023 que la Fondation Alaïa a décidé de collaborer avec Dior pour répertorier ces trésors.
Cette exploration méticuleuse a donné lieu à l'idée d'une double exposition. La première, à la Fondation Alaïa, se concentre sur les créations de Christian Dior et les points communs entre les deux tailleurs, notamment l'importance de la taille. Si chez Dior, cela se traduit par l'utilisation de corsets, chez Alaïa, l'accent est mis sur des ceintures sculpturales. Par exemple, une robe Venezuela noire de 1957, représentant les volumes architecturaux de Dior, sera exposée aux côtés d'une robe courte d'Alaïa de 2010, mettant en valeur cette dynamique.
Une autre connexion se révèle entre l'Andalouse de Dior, une robe volée jaune et rouge de 1955, et une longue robe bordeaux à volants d'Alaïa de 2013. À travers ces associations inattendues, une parenté esthétique entre les deux créateurs émerge avec force.
- Stage de cinq jours -
À la Galerie Dior, les 101 pièces offertes par la Fondation Alaïa se fondent dans un parcours unique qui marie robes historiques et documents d'archives, tels que des chartes de collection inédites détaillant croquis et échantillons de tissus. "Cette exposition présente une diversité exceptionnelle de documents d'archives", souligne M. Flaviano.
Cette exposition s'ouvre sur la "Rose des vents", une robe de soirée de 1950 en organza plissé, d'un rose pâle nuancé de gris, couleursoses favorites de Christian Dior. Un autre point d'intérêt est un cliché d'Alaïa en 1956, au début de son parcours, exposé aux côtés de son contrat de travail chez Dior, une expérience qui ne dura que cinq jours mais qui marqua le début de son aventure dans le monde de la haute couture.
Une robe jaune tournesol surnommée "Marcel Pagnol" attire également l'attention, illustrant que la palette de couleurs de Dior ne se limite pas aux teintes emblématiques telles que le rose, le gris ou le bleu marine. La question reste : Azzedine Alaïa s'est-il inspiré de toutes ces archives pour ses propres créations ? "Impossible", affirme Olivier Saillard. "La collection était tellement immense qu'il était difficile de retrouver une robe précise."
Cette exposition, riche en révélations et en beauté, promet de captiver tous les amateurs de mode et d'histoire.
