Au deuxième jour de son procès à Lille, Abdelkader Bouguettaia fait face à des témoignages accablants sur les méthodes de domination violentes qu'il aurait utilisées pour contrôler l'importation de cocaïne depuis Dubaï vers le port du Havre. Installé aux Émirats arabes unis depuis fin 2019, Bouguettaia a échappé à la justice française pendant des années, ayant été condamné entre 2022 et 2024, avec des peines allant de neuf à quinze ans pour des infractions liées au narcotrafic.
Extradé en juin dernier, il conteste ces décisions passées, entraînant ainsi un nouveau procès qui englobe trois dossiers différents. Lors de l'audience, le tribunal de Lille a examiné deux affaires concernant l'importation de 2,4 tonnes et près de 600 kg de cocaïne, survenues respectivement en 2020 et 2021.
Dans l'enceinte du tribunal, Bouguettaia, 38 ans et d'origine franco-algérienne, a écouté attentivement le témoignage d'un ancien associé, un élément clé dans ces affaires. Ce dernier a révélé avoir reçu des menaces explicites sous forme de messages de Bouguettaia, notamment une photo de sa nièce décédée en guise d'avertissement. "C'est juste pour te rappeler qui commande", aurait-il écrit.
Le témoin a également mentionné des intimidations physiques, y compris une menace de "balles dans les genoux", une forme de chantage brutal pour le contraindre à accepter des missions illégales. Ces allégations présentent une image inquiétante du réseau que Bouguettaia est censé diriger.
Confronté à ces accusations, Bouguettaia a choisi de garder le silence, se réservant pour une future confrontation avec ce témoin dans une autre affaire, impliquant l'importation d'une cargaison massive de cocaïne en 2020.
Selon le témoignage, Bouguettaia aurait réalisé une marge de 1 000 euros par kilogramme de cocaïne sortant du port, et aurait lui-même racheté des portions de la cargaison pour la revendre. Ces importations, souvent dissimulées dans des conteneurs de bois et envoyées d’Équateur, du Brésil et du Guatemala, pointent vers un réseau bien organisé et dangereux.
De nombreux membres de son organisation, y compris des dockers et des chauffeurs, ont déjà été condamnés à des peines de prison allant de plusieurs années. Ces dynamiques évoquent la violence inhérente à la criminalité organisée et soulignent la nécessité d'une intervention de la part des autorités françaises.
De plus, Bouguettaia aurait mené une vie luxueuse à Dubaï, possédant des appartements haut de gamme, des voitures de luxe et fréquentant des lieux prisés, une existence qui contraste avec les accusations qui pèsent sur lui. Emmanuel Macron, lors d'une récente déclaration, a insisté sur l'importance de lutter contre les têtes de réseaux à l'étranger, soulignant que l'État français met tout en œuvre pour démanteler ces organisations criminelles.
Cette affaire illustre non seulement le défi auquel le système judiciaire français est confronté face aux cartels internationaux, mais met également en lumière le besoin d'une coopération internationale renforcée pour combattre le narcotrafic. Les prochains jours du procès s’annoncent cruciaux pour l’avenir d'Abdelkader Bouguettaia et pour la lutte contre la criminalité organisée en France.







