Habituée à explorer les escroqueries à travers ses documentaires, Netflix se retrouve cette fois en position de victime. Son projet de série de science-fiction, confié au réalisateur Carl Rinsch, lui a coûté cher : 11 millions de dollars ont été détournés, laissant le projet avorté.
Le projet, intitulé initialement White Horse et rebaptisé Conquest, promettait d’explorer des thèmes de conflits et d’aide humanitaire à travers des personnages humanoïdes. Avec la récente déception de 47 Ronin en 2014, Rinsch a su capter l’attention des géants du streaming. Netflix a finalement remporté la mise en acceptant de financer la série à hauteur de 44 millions de dollars, malgré un scénario encore en développement et un tournage passé sous des auspices chaotiques.
Les premières prises de vue se sont déroulées dans des lieux exotiques tels que le Brésil et la Hongrie. Cependant, plusieurs témoins ont commencé à signaler un comportement erratique de Rinsch, alimenté par des problèmes liés à son traitement médicamenteux. Selon Libération, l'épouse de Rinsch aurait même averti Netflix dans le cadre de leur divorce imminent.
Des millions dans le luxe
En 2020, Rinsch sollicite une rallonge de 11 millions de dollars, prétendant en avoir besoin pour finaliser la série. Netflix, convaincu par ses arguments, accorde cette somme. Pourtant, les procureurs pensent que l’argent a rapidement été transféré vers ses comptes personnels pour financer un style de vie extravagant comprenant deux Rolls-Royce, une Ferrari et des montres de luxe.
Les fonds auraient également été investis dans des placements à haut risque et même dans des cryptomonnaies. Au final, la plupart de l’argent a disparu en à peine quelques semaines. Le scandale a éclaté au grand jour grâce à une enquête du New York Times.
Récemment, un jury fédéral à Manhattan a reconnu Carl Rinsch coupable de fraudes, de blanchiment d'argent et de transactions financières illégales. La défense a soutenu qu'il s'agissait d'un simple différend contractuel entre un créateur et une plateforme, mais cela n’a pas convaincu le jury. Netflix avait préalablement remporté un arbitrage, lui permettant de récupérer 12 millions de dollars de dommages et intérêts.
La peine pénale de Rinsch n'a pas encore été prononcée, mais il encourt jusqu'à 90 ans de prison et doit connaître sa sentence le 17 avril 2026. Cette affaire soulève des questions sur la gestion des fonds dans l'industrie du cinéma, un sujet délicat que les experts, comme le critique culturel Jean-Luc Martin, n'hésitent pas à aborder : « Ce genre d'escroquerie met en lumière un besoin urgent de régulations plus strictes dans le secteur. »







