À Paris, environ soixante-dix livreurs d'Uber Eats se sont mobilisés ce lundi devant le siège de la société, dénonçant des désactivations de comptes qu'ils jugent injustes et arbitraires. Khaled, un livreur expérimenté ayant réalisé plus de 15 000 livraisons en sept ans, affirme avoir été désactivé sans avertissement. Le motif invoqué par Uber ? Un prétendu « partage de compte », utilisé fréquemment pour justifier ces exclusions, selon les témoignages recueillis.
Les livreurs se plaignent également du traitement qui leur est réservé. Clémence, une livreuse de Valenciennes, partage son expérience : « Après un retard, j'ai été désactivée sans qu'ils cherchent à comprendre la situation. » Les témoignages révèlent des pressions exercées par les clients et les restaurateurs, qui signalent les livreurs après de simples désaccords. Un livreur de 49 ans raconte que la grande chaîne de fast-food McDonald's utilise un « système déshumanisant », où les livreurs doivent attendre à l'extérieur pendant de longues périodes.
Depuis septembre, au moins 300 livreurs auraient été désactivés pour ce même motif, d'après le syndicat Union-Indépendants. Fabian Tosolini, représentant syndical, souligne que ces décisions manquent de transparence et que les preuves de fraude ou de sous-location de comptes, incriminées par la société, devraient être fournies. Toutefois, Uber soutient agir pour lutter contre la fraude : « Nous suivons des procédures rigoureuses pour vérifier ces signalements », a déclaré une porte-parole de l'entreprise.
La situation des travailleurs est alarmante, car entre 2021 et 2024, leurs revenus ont chuté de 34 % en raison de l'inflation, une réalité confirmée par des études récentes, y compris celles diffusées dans Sud Ouest. Morgan, un livreur ayant réalisé presque 40 000 courses, dénoncent également la gestion actuelle, qui repose sur des systèmes automatisés. « Les désactivations ne sont jamais annulées, et le processus fait appel uniquement à des intelligences artificielles », affirme-t-il.
Cette mobilisation arrive dans un contexte où les syndicats, tels qu'UI, FNAE et Sud Solidaires, s'étaient récemment retirés des négociations sectorielles face à la stagnation des revenus. Les livreurs réclament également une rencontre avec les responsables d'Uber, mais jusqu'à présent, leurs demandes sont restées lettre morte. D'après les syndicats, la réponse de l'entreprise à leurs préoccupations a été jugée totalement insuffisante.







