La justice allemande s'intéresse à une affaire trouble qui pourrait résonner au-delà des frontières du pays. Trois hommes, un Russe, un Ukrainien et un Arménien, se retrouvent depuis le 9 décembre face à des accusations sérieuses d'espionnage. Ils ont été arrêtés en juin 2024, soupçonnés de travailler pour le compte des services secrets russes dans le but de cibler un ancien soldat ukrainien, désormais résident en Allemagne.
Selon le bureau du procureur fédéral allemand, l'Arménien Vardges I. aurait été missionné par Moscou pour surveiller cette cible, accusée d'avoir mené des actions militaires contre des forces russes dès le début du conflit en Ukraine. Il aurait ensuite recruté ses deux complices, le Russe Arman S. et l'Ukrainien Robert A. Ensemble, ils auraient organisé une rencontre le 19 juin 2024, sous un prétexte fallacieux, dans un café du centre de Francfort, avec l'intention de recueillir plus d'informations sur leur proie.
Une fois sur place, la méfiance de l’ancien soldat a conduit à une alerte auprès de la police allemande, qui n’a pas tardé à intervenir, conduisant à l’arrestation des trois hommes. La procureure a catégoriquement affirmé que cette rencontre préparait potentiellement d'autres opérations, voire un assassinat, contribuant à une intensification des préoccupations liées à l’espionnage et aux actes de sabotage attribués à la Russie en Allemagne depuis le début de l’invasion en Ukraine.
Cette affaire s'inscrit dans un contexte plus large. Les services de renseignement allemands parlent d'une « guerre hybride » orchestrée par le Kremlin, à l'œuvre dans plusieurs pays européens, dont la France. Des experts, comme le chercheur en sécurité internationale Pierre L. de l’Institut français des relations internationales (IFRI), expliquent que « les tentatives d’assassinat sur le sol européen représentent une escalade inquiétante de la stratégie russe ». Dans ce climat de tension, les révélations qui émergent de ce procès pourraient avoir des implications significatives sur la perception du rôle de l'Allemagne en tant que soutien stratégique à l'Ukraine.
Les trois suspects restent actuellement en détention provisoire, le procès s’étalant sur plus de trois mois. Les audiences seront étroitement surveillées, tant par les médias que par les gouvernements, tandis que les accusations d’espionnage et de sabotage continuent d’alimenter les débats autour de la sécurité nationale et des relations internationales en Europe.







