Le Cameroun traverse une période douloureuse après la perte tragique d'Anicet Ekane, un influent opposant politique décédé en détention. Sa sœur, Gertrude Ekane, a partagé sa profonde douleur et sa fierté pour le courage de son frère. Elle a expliqué à notre correspondant à Douala qu’elle a du mal à accepter sa mort survenue le 1er décembre, seulement quatre jours après leur dernier échange.
«Je n'arrête pas de penser à lui, cette situation est insupportable», a-t-elle déclaré, révélant une angoisse qui rappelle de nombreux témoignages recueillis à travers le pays. La question de l'autopsie, réalisée malgré la résistance de la famille, suscite également de vives inquiétudes. La sœur d’Anicet a exprimé des réserves quant à la crédibilité de l’enquête, souvent suspectée d’être influencée par les autorités. «Comment peut-on faire confiance à des médecins choisis par ceux qui l'ont détenu?» se demande-t-elle.
Le débat sur le statut d'Anicet Ekane a pris de l'ampleur, en particulier après les commentaires controversés du ministre de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji, qui a nié tout caractère héroïque à la vie du défunt. Toutefois, Gertrude Ekane oppose une résistance à ces affirmations, déclarant : «Il est un véritable martyr. Son décès a touché le cœur de beaucoup de Camerounais. Juste regarder les gens qui viennent pleurer avec nous ici, cela parle de lui.»
Les militants et de simples citoyens continuent de converger vers le siège du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (Manidem) à Douala, où un mémorial temporaire a surgi. Ce lieu devient un symbole de la lutte contre les injustices sociales et politiques, une lutte que certains qualifient de rêve d'un Cameroun meilleur.
Les experts analysent l’impact de ce décès sur la sphère politique du pays, soulignant que la mort d'Anicet Ekane pourrait catalyser une nouvelle dynamique dans la mobilisation citoyenne. Le politologue français Thierry de Montbrial a évoqué ces enjeux : «Un événement comme celui-ci peut réveiller les consciences et attirer l'attention sur les abus de pouvoir. Le peuple a besoin de leaders courageux qui défendent leurs droits.»
Le futur des commémorations d’Anicet Ekane reste incertain, mais les voix qui s’élèvent pour demander justice et vérité sont de plus en plus nombreuses, transformant la douleur d’une famille en un cri collectif pour la démocratie et l’Etat de droit.






