La Havane (AFP) – L’ancien ministre cubain de l’Économie, Alejandro Gil, a été condamné à une peine de réclusion à perpétuité par la Cour suprême pour des actes d'espionnage, ainsi que pour divers délits économiques, lors d’un procès mené dans une obscurité totale. Cette décision vient souligner les tensions politiques qui traversent Cuba aujourd’hui.
La nouvelle a été annoncée lundi, précisant que Gil, âgé de 61 ans, a été reconnu coupable d’envoyer des informations sensibles à des entités étrangères. La Cour n'a toutefois pas divulgué les détails concernant l'identité du pays concerné, alimentant les spéculations autour de contacts potentiellement délicats.
Par ailleurs, Gil a été accusé de corruption, détournement de documents officiels et autres infractions significatives. "Ses actions ont mis en danger l’économie nationale", a rapporté un porte-parole de la Cour. Les experts politiques tels que José Antonio Fornaris, un analyste local, évoquent une réaction musclée du gouvernement cubain en réponse à la crise économique persistante que le pays traverse, une situation exacerbée par des tensions internes croissantes.
Condamné pour corruption dans une seconde procédure, Gil écopait également de vingt ans de prison pour avoir profité de sa position pour obtenir des pourboires et privilégier certaines entreprises. Le climat politique à Cuba est particulièrement tendu depuis sa destitution brutale en février 2024, et son procès a eu lieu sous haute sécurité le 11 novembre. Une surveillance policière renforcée et l’absence de couverture médiatique officielle ont soulevé de nombreuses interrogations.
Les médias d'État, souvent silencieux face à de telles affaires, n'ont relayé que quelques informations sur les dates des audiences et les verdicts. L'évocation de l'ancien secrétaire d'État cubain, Carlos Lage, tristement célèbre pour son exclusion soudaine, rappelle que ce genre de purges n’est pas inédit au sein du gouvernement cubain.
La réaction de sa famille, notamment celle de sa fille, Laura Maria Gil, qui a plaidé pour un procès public et transparent, témoigne de l'angoisse qui règne autour de cette affaire. Les conséquences d’une telle condamnation seront scrutées de près, à mesure que Cuba tente de naviguer entre le chaos économique et les pressions internationales croissantes.
Cette affaire illustre non seulement les luttes de pouvoir internes au sein du gouvernement cubain, mais pose également la question de la gouvernance dans un pays en crise. Des voix se lèvent, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de Cuba, pour demander justice et transparence. Face à l’incertitude, l’avenir du pays semble plus que jamais précaire.






